Bye Bye vermeer, et autres nouvelles
EAN13
9782848195957
ISBN
978-2-84819-595-7
Éditeur
Éditions Créer
Date de publication
Collection
NOUVELLES
Nombre de pages
132
Dimensions
20 x 12 x 1 cm
Poids
152 g
Langue
français
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Elle est près de la fenêtre.
Elle tient à la main les mots tièdes, les mots doux, les mots si beaux qu’elle en vacille. Souritelle ? Presque. Une vague de bonheur l’effleure, se diffuse, l’envahit lentement. Oh, ne pas la montrer !
Garder pour elle seule ce trouble délicieux… Mais l’éclat des mots jolis l’enveloppe, et son visage, à son insu, irradie délicatement. Elle est devant la vitre, nimbée de son secret.
Derrière défilent collines, bocages. Un rideau d’arbres, un étang. Le ciel, cobalt, nuages dispersés.
– Vermeer, se dit le voyageur de l’autre côté du couloir. La Liseuse à la fenêtre. Oui, cette jeune femme ressemble, dentelles en moins, à son aînée de quatre siècles, lettre à la main, yeux baissés, joues
rosies, le front, les boucles, la nuque baignés de cet éclairage perlé des pays du Nord, idéalisé par le Maître de Delft.
Les yeux de la rêveuse se ferment à demi.
– Gling ! Voulez-vous lire vos nouveaux messages ? lui demande l’écran bleu de son téléphone portable, qui n’avait pas quitté sa main.
Elle le veut, évidemment.
Elle somnolait à moitié tout à l’heure, lorsque l’engin, imprudemment abandonné sur la banquette, à sa gauche, côté couloir, s’était illuminé soudain : gling ! nouveau message.
– Femme-fée, avait-elle lu, vous m’occupez encore trop l’esprit. Ce message pour me libérer le cervelet. N’y faites pas attention… je vous baise les yeux délicatement.
Frisson de joie. Lui !
Avant-hier, à l’anniversaire de mariage des Duvent-Lamochette, illustre famille, ramifications, rejetons innombrables, brillante réception, deux cents personnes et plus, quelles ondes, quelles odeurs,
quels flux, quelles chaleurs avaient glissé Sophie vers Damien, Damien vers Sophie ? Quels courants invisibles suivaient-ils sans le savoir, et depuis quand, pour se trouver soudain quasiment nez à nez ? Et là,
pourquoi cette envie de s’attarder au confluent de ces flots impalpables ? De l’explorer, le retenir ? Intuition d’une fraternité d’âmes, ressentie en premier dans leurs corps, par une sagesse de la chair, trop souvent ignorée ?…
Comment savoir… Enfin, ils s’étaient vus, et s’ensuivrait dans deux ou trois heures, jours ou mois, peu importe, une collision mystérieusement douce, inéluctable.
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