On n'efface pas les souvenirs

Sophie Renouard

Albin Michel

  • Conseillé par
    26 mars 2019

    Une belle maison, une famille aimante, un mari attentionné, deux adorables petites filles... La vie sourit à Annabelle, épouse et mère comblée, sculptrice à ses heures perdues, rayon de soleil d'un foyer chaleureux et plein d'amour. Pourtant, lors du baptême de Violette, sa petite dernière, Annabelle ressent un malaise, quelque chose d'impalpable qui la pousse à quitter Paris pour rejoindre son père et son frère dans la maison familiale en Normandie. La fête à peine finie, elle prend donc la route avec ses filles, certaine de dîner en famille. En chemin, elle est forcée de s'arrêter dans un bar pour nourrir Violette qui crie sa faim à plein poumon. Elle confie le bébé à son aînée, juste le temps d'aller se laver les mains. Mais Violette et Zélie attendront en vain le retour de leur maman. Annabelle s'est volatilisée et les indices montrent qu'elle a été enlevée. Pour sa famille, l'angoisse commence...

    Bilan mitigé après lecture de ce roman qui se veut noir mais se noie un peu dans l'eau de rose. Le monde d'Annabelle est une meringue où tout le monde est beau, riche, élégant, où tout le monde s'aime d'un amour tendre, même les enfants sont sages, bien élevés et propres sur eux. Sa maison est grande, belle, meublée et décorée avec goût et Paris est un village où l'on va acheter des gâteaux à la boulangerie du coin, le dimanche après la messe. La famille parfaite évolue dans son bonheur sucré sous l'œil bienveillant d'une domestique attachée à la maîtresse de maison depuis sa tendre enfance. Le reste est à l'avenant, entre un père merveilleux qui a su élever ses enfants et diriger son entreprise avec une égale réussite et un frère protecteur affublée d'une fiancée italienne prête à tout abandonner pour soutenir sa nouvelle famille. La Normandie est un petit paradis sur terre où il fait bon vivre et grandir, c'est la France profonde, mais version bon chic, bon genre. Au contraire du Pays basque, plus rude, plus rustique, peuplé de montagnards bourrus qui mènent une vie simple en mangeant du fromage de chèvre et des cerises noires.
    Cette ambiance à la Mary Higgins Clark ne doit pas faire oublier le drame qui est tout de même le cœur du roman. Malheureusement, là encore, Sophie Renouard faute grandement en distillant des indices qui immanquablement nous font découvrir le coupable dès le début de l'histoire. Exit le suspense ! Et pourtant, on se prend au jeu et on tourne les pages avidement pour connaître le sort final d'Annabelle et sa gentille famille. On s'installe dans le confort d'une lecture fluide, sans prise de tête, assez sympathique. Puis la fin arrive et nouvelle déception. L'auteure tombe encore une fois dans la facilité et nous propose un dénouement sans panache et peu crédible.
    Une lecture rapide, assez addictive malgré ses défauts.