Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Ruta Sepetys

Gallimard Jeunesse

  • 12 novembre 2011

    Un coup de coeur !

    Il est très rare qu’un livre me fasse un si grand effet. Je dois pourtant l’avouer, une fois la dernière page de ce livre tournée, je suis restée complètement sonnée. Je n’ai pas pu m’empêcher de le dévorer en une seule journée, passant par toute une palette d’émotions. J’ai lâché quelques larmes (autant de compassion que de joie), j’ai souri et ri, je me suis inquiétée et j’ai angoissé. J’ai soupiré – de contentement, de soulagement, d’agacement – mais j’ai aussi été choquée. Les mots ne suffisent pas pour expliquer cette expérience, il faut vraiment le vivre pour comprendre. En une journée je suis passée par tout un tas de sentiments, parfois bien contradictoires.


    C’est une chose que j’admire beaucoup dans cet ouvrage. L’auteure a une plume vraiment agréable mais surtout très émouvante. Elle arrive à créer des situations stupéfiantes de réalisme. Il n’y a donc rien à redire vis-à-vis du style car les émotions arrivent parfaitement à passer à travers les mots.

    L’histoire est en elle-même est une réussite. Le récit est touchant et bouleversant puisque l’on est conscient que ce que Ruta Sepetys décrit s’est vraiment déroulé. La barrière entre la fiction et la vérité est très mince, presque invisible. Ce roman nous permet d’ouvrir les yeux sur une réalité qui n’est pas assez connue.
    Personnellement, au lycée, mon professeur d’histoire a dû nous en parler en une heure ou deux, tandis qu’on parle de long, en large et en travers du nazisme. Je suis bien d’accord que c’est justifié, mais la partie de l’Histoire que l’auteure nous fait découvrir mérite elle aussi toute notre attention.
    Pour revenir à l’intrigue, on suit donc Lina, sa mère et son petit frère dans leur calvaire. Le récit s’efforce de montrer les conditions de détention (même si je ne sais pas si on peut encore utiliser ce mot à un tel niveau d’atrocité !). Il montre également - et surtout - des personnes qui veulent vivre plus tout, qui se battent pour ne pas abandonner. Des personnes condamnées pour un « crime » qui n’en est pas un : résister au régime soviétique. C’est un récit poignant, plein de vie, qui fourmille de détails ayant leur importance.

    Pour ce qui est des personnages … ils sont tout autant réussis que l’histoire. Lina est une héroïne très touchante et attachante. Voir l’action se dérouler à travers ses yeux, lire ses réflexions et observations permet au lecteur de beaucoup s’en rapprocher. De plus, elle a une très belle personnalité.
    Sa maman m’a émue plus d’une fois. Cette femme est d’une combativité hors du commun, son amour pour ses enfants est plus fort que tout. Voir un sentiment si fort, cela m’a impressionnée et réconfortée : ce que ces gens subissent ne détruit pas tout. Elle se bat dans l’espoir de les voir sortir de cet enfer et qu’un jour ses enfants puissent rentrer chez eux. Certaines de ses répliques m’ont mis les larmes aux yeux !
    Enfin, Andrius. Le beau jeune homme qui est dans le même camp que Lina. Leur relation est compliquée, entre suspicion, attirance, mépris, retenue … mais au final cela apporte un peu de douceur dans ce récit où la tendresse a rarement sa place.
    D’une manière générale, tous les personnages sont recherchés et fouillés. Je ne peux malheureusement pas vous parler de tout le monde. Ce qu’il faut savoir, c’est que les personnages secondaires ne sont pas réduits à un petit rôle. Ils ont leur propre histoire et on s’attache également à eux. Ils sont les compagnons d’infortune de la famille que l’on suit et on tremble d’appréhension à l’idée de ce qu’il pourrait leur arriver, à eux aussi.
    En outre, les méchants de l’histoire sont intéressants à suivre, même si les gardiens récurrents et donc connus du lecteur et des personnages sont moins nombreux. L’auteure s’évertue également à nous montrer que personne n’est tout blanc ou tout noir. On peut très bien être détenu et collaborer ou être l’un des geôliers sans forcément cautionner ce qu’il se passe … Cela donne matière à réflexion.

    En conclusion, je crois que vous l’avez compris : ce livre est pour moi un véritable coup de cœur. Pourtant, ce n’est pas le genre de lecture vers lequel je me serais tournée spontanément et j’en ressors conquise. Le seul petit bémol, si on peut appeler cela ainsi, c’est le manque d’une carte retraçant les déplacements de Lina et de ses compagnons pour pouvoir suivre leur périple. Cela reste un désagrément mineur … Je n’ai qu’une seule chose à rajouter : Lisez-le !!