La Demeure éternelle

William Gay

Points

  • Conseillé par (Libraire)
    5 mai 2022

    Écrit à l'âge de 57 ans, la demeure éternelle est le premier roman de son auteur, un respectable prolétaire du fin fond du Tennessee que les critiques et journalistes auront d'ailleurs du mal à considérer comme un écrivain sérieux.
    Le temps leur donnera tort puisqu'outre-Atlantique William Gay est dorénavant considéré comme une voix importante de la littérature "southern gothic", ce genre littéraire des états du sud des USA, sombre et teinté de magie noire.
    L'histoire ici est d'une simplicité biblique : durant les années de la Grande Dépression, dans une région rurale reculée, un gouffre profond et obscur s'ouvre avec fracas sur les terres du vieil Hovington. Quelques temps plus tard, un dénommé Hardin, apparu comme par magie, tient le lucratif commerce local d'alcool de contrebande. Brutal et calculateur, Hardin ne négocie jamais pour obtenir ce qu'il veut, il le prend par la violence ou par la traîtrise. C'est ainsi qu'il a spolié Hovington, faible et malade, de sa maison, et ainsi qu'il s'est débarassé de Nathan Winer, son voisin sec comme la justice qui ne tolérait pas qu'on fabrique du whisky sur ses terres. Le corps de Winer fut jeté dans le mystérieux trou comme s'il s'agissait d'une justice divine.
    Dix ans plus tard, la suprématie de Hardin sur la région est incontestée, et le fils de Winer travaille pour lui sans se douter de ce qui est arrivé à son père. Petit à petit, les événements concordent à rapprocher les deux hommes d'une confrontation meurtrière.
    Il n'y a pas plus à dévoiler sur l'intrigue de ce roman de formation. Il faut découvrir ce texte car l'écriture de Wiliiam Gay est d'une virtuosité qui se goûte au moins une fois. C'est en effet le genre de premier roman qui donnera des complexes à tous les écrivains en herbe tant la description de ces forêts, ces journées chaudes et paresseuses, cette violence quasi-religieuse contenue dans le regard des personnages est flamboyante et splendide. On y retrouve une spiritualité typique des plus grands auteurs américains.
    A lire absolument !