Et nos yeux doivent accueillir l'aurore

Sigrid Nunez

Rue Fromentin

  • Conseillé par
    8 mars 2014

    « Et nos yeux doivent accueillir l’aurore » nous plonge au cœur de ses personnages féminins, décrits avec intelligence et finesse, mais aussi de leur époque (un petit tour du côté de Woodstock et de Mick Jagger, entre autres) et c’est son double attrait, mêler avec le plus grand bonheur étude psychologique et analyse sociologique. Commencé comme un roman de campus, le récit dépasse ensuite largement ce cadre, dépeignant les apprentissages de trois jeunes femmes, George, sa sœur fugueuse Solange et Ann. La confrontation à sa famille, l’expérience des drogues, la quête de l’amour au sens large du terme et la volonté de choisir son existence, mais aussi le sexisme, le racisme et la lutte des classes, sont autant de thématiques évoquées à travers elles.

    George, la principale narratrice, n’a rien d’héroïque. Certains, explique-t-elle, « ne se sont pas privés de me reprocher ma timidité ou ma passion dévorante pour la lecture – une addiction, un vice, une lâcheté pour me dérober aux défis, aux dangers, aux plaisirs et même aux devoirs de la vraie vie ». Mais nul doute que son amie Ann, comme c’est le cas pour le lecteur, la fascine et l’atteint en touchant à l’essentiel, l’adéquation de nos vies à nos convictions, Ann l’intransigeante, capable d’assumer ses choix jusqu’à l’extrême, jusqu’à l’oubli d’elle-même.

    Un très beau roman, de ceux dont la lecture résonne longuement en soi, une fois la dernière page tournée.