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Conseillé par Alex-Mot-à-Mots13 août 2019
colère, vengeance
Pendant l’été 1944, à Newark, Bucky Cantor, un jeune homme de vingt-trois ans, anime un terrain de jeu. Lanceur de javelot, haltérophile, il a honte de ne pas prendre part à la guerre en raison de sa mauvaise vue.
Mais voici qu’une épidémie de polio provoque des ravages parmi les enfants qui jouent sur le terrain. Elle lui offre l’occasion d’éprouver son sens du devoir alors que l’incompréhension, la panique et la colère grandissent dans la petite communauté.
La première partie du roman se déroule dans le quartier juif de Newark où la polio fait son arrivée, tuant de jeunes enfants, ce qui révolte Bucky.
Il a l’opportunité d’aller travailler dans un camp de vacances dans les montagnes auprès de sa fiancée, loin de la maladie, et il accepte. La seconde partie du roman se déroule dans le camp.
Mais la maladie arrive aussi dans les montagnes.
Enfin, la troisième et dernière partie voit se rencontrer le narrateur et Bucky quelques 25 ans après.
Philip Roth a l’art de rendre réel ses personnages et les situations. J’ai senti monter la panique de l’arrivée de la polio dont on ne savait à ce moment-là ni comment la soigner ni comment elle se transmettait.
J’ai pris un bon bol d’air et de fraicheur dans les montagnes, malheureusement pas pour longtemps.
La situation de ce quartier juif de Newark rappelle étrangement la situation des Juifs d’Europe en ces années.
J’ai été moins sensible à la colère de Bucky envers Dieu.
Mais j’ai aimé le propos de l’auteur : comment réagirions-nous, ou réagissons-nous face à la contingence ? Bucky, pourtant force de la nature, perd pieds.
Lanceur de javelot, il s’imagine qu’il est le porteur sain de la maladie et que, tel son javelot, il l’a lancé dans le camp de vacances.
L’image que je retiendrai :
Celle de la colère des mères de Newark exacerbée par la canicule.
Quelques citations :
Il était frappé de voir à quel point les vies divergent, et à quel point chacun d’entre nous est impuissant face à la force des choses.
Tu n’as jamais u mettre les choses à la bonne distance, jamais !
Il y a une épidémie, il a besoin de lui trouver une raison. Il faut qu’il se demande pourquoi. (…). Que cela soit gratuit, contingent, absurde et tragique ne saurait le satisfaire.
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