Rouge ou mort

David Peace

Rivages

  • Conseillé par
    5 octobre 2014

    You'all Never Walk Alone.

    La première phrase de la quatrième de couverture est certainement la plus belle du livre, celle qui rend le plus bel hommage à cet homme, ce prolétaire devenu un des plus grands entraîneurs de Grande-Bretagne, Bill Shankly :
    " Pour une fois je voulais écrire sur un type bien" !
    C'est fait et bien fait. Et le type bien était un type vraiment bien. Un type très bien. Un type qui mérite encore le respect d'une ville, d'un club ! Et le "Liverpool Football Club" a été une grande équipe. Une très grande équipe.

    En 1962 ou 1963 j'étais jeune et amateur de football. Je sais maintenant l'un comme l'autre paraissent pour le moins étranges. Donc dans ces temps immémoriaux, j'ai découvert dans l'ordre : les Beatles, la ville de Liverpool et le FC Liverpool. J'écoute encore les Beatles, je n'ai toujours pas mis les pieds à Liverpool, mais je vais toutes les fins de semaine sur le site de la BBC savoir si le FC de Liverpool a gagné ! Hé oui, j'ai enfin cru en fin de saison dernière qu'ils allaient enfin et, depuis très longtemps, être champions d'Angleterre....hélas le ballon ne tournait plus rond, l'équipe des prolos et des dockers a été battue par les deux équipes les plus riches d'Angleterre : celle du fric russe et a de ce fait été devancée par l'autre équipe d'un milliardaire du pétrole !
    Donc j'ai lu ce livre avec passion et plein de souvenirs dans la tête.
    Et qui une fois fini me laisse un drôle de goût dans la bouche ! Et me conforte que le monde du football n'est plus le mien !
    Bill Shankly n'aura jamais réalisé un de ses rêves : gagner la coupe d'Europe, mais grâce à lui quelques années après sa retraite, son équipe l'a enfin emportée avec son adjoint comme manager et avec beaucoup de joueurs découverts par Shankly : Ray Clemence, Tommy Smith, Emlyn Hughes, Larry Lloyd, Jimmy Case, Ian Callaghan, Kevin Keegan et Steve Heighway entre autres.
    Grand bonhomme venu du monde ouvrier, plus discret par exemple que Brian Clough (Voir le livre "44 jours" du même auteur), mais la vérité oblige à dire que la télévision n'était pas encore omniprésente dans le monde du football et les actionnaires n'imposaient pas encore leurs lois.
    On peut ne pas aimer le style d'écriture adopté par David Peace, ses répétitions systématiques, reprendre sans arrêt les noms des joueurs, etc...ce qui donne à ce livre un côté documentaire évident. Car tous les matchs du F.C. Liverpool de l'ère Bill Shankly entre 1959 et 1974 sont répertoriés sur le même mode de narration !
    Les chiffres des années Shankly au F.C. Liverpool (source Wikipedia) :
    Matchs joués : 753. Matchs gagnés : 393. Matchs perdus : 175. Matchs nuls :185.
    Pourcentages de victoires : 52,19.
    Palmarès :
    Vainqueur de la Coupe UEFA : 1973. Champion de D1 anglaise : 1964, 1966 et 1973. Vainqueur de la FA Cup : 1965 et 1974. Champion de D2 anglaise : 1962 .
    Un pavé de presque 800 pages, la vison romancée d'un des grands personnages du football anglais. Un livre qui figurera dans mes préférés de cette année ! Mais pour les non-initiés, l’intérêt sera sûrement moindre. Un ouvrage énorme !
    Question à David Peace : pour finir la trilogie des grands entraîneurs des clubs anglais, à quand l'hommage à Matt Busby ?
    Dernière réflexion : Que reste-il de l’âme ou de la présence de Shankly à part sa statue ? Plus grand chose malheureusement, l'arrêt Bosman est aussi passé sur les bords de la Mersey ! D'un club composé d'Anglais, de Gallois, d'Écossais ou d'Irlandais, on a aujourd'hui une constellation de mercenaires venus d'un peu partout ! Reste Stevens Gerrard, mais c'est peu et beaucoup à la fois !
    Par contre les équipes du Pays de Galles, d'Écosse, d'Irlande du Nord et dans une moindre mesure l'Irlande, mais aussi l'Angleterre, ont plus ou moins disparu du Gotha européen !
    Petite remarque pour la traduction "Match of the Day", émission de télévision, sonne nettement mieux que " Les Matchs du jour" ! Et je pense que la majorité des lecteurs de ce livre aurait très bien compris la version originale.