1, Vernon Subutex - 1

Virginie Despentes

Grasset

  • Conseillé par
    21 octobre 2017

    Alex Bleach est mort, d'une overdose dans la baignoire d'un hôtel miteux. Victime de ses excès, le chanteur laisse derrière lui des fans au désespoir, une ribambelle d'ex dans le même état et Vernon Subutex. Cet ancien disquaire a perdu un ami certes, mais aussi celui qui payait son loyer depuis des mois. Car après des années très ''sexe, drogue et rock'n roll'', Vernon a subi de plein fouet l'apparition des CD et autres supports numériques. Son commerce fermé, il a subsisté un temps en vendant disques et reliques sur internet et surtout grâce à l'aide d'Alex. Dorénavant, chassé de son appartement par les huissiers, il erre dans Paris, squattant chez l'un ou l'autre de ses amis, leur racontant une histoire pas très crédible et très éloignée de sa triste réalité. Une fois le tour fait de ses connaissances plus ou moins perdues de vue, Vernon finit à la rue, sans savoir que le tout Paris veut mettre la main sur le ''testament'' d'Alex, les cassettes sur lesquelles le chanteur dit ses derniers mots, et qu'il n'a jamais pris la peine de visionner.

    ''Qui est Vernon Subutex ?'' interroge la quatrième de couverture. Et bien Vernon Subutex est une cigale qui a profité des années d'insouciance sans penser aux lendemains qui déchantent, un séduisant disquaire qui a collectionné les vinyles et les conquêtes et se retrouve seul, bonhomme vieillissant comptant encore sur ses beaux yeux pour s'en sortir, un paumé qui tente encore de garder la face devant la dégringolade qui s'annonce.
    Autour de lui évolue une galerie de personnages tout autant mal en point, un concentré de la misère humaine où se côtoient clochards, drogués, travestis, stars du porno, fachos, etc. Du pauvre type qui bat sa femme, au scénariste en mal d'inspiration, de l'étudiante pieuse et voilée au trader survolté, ils sont tous engagés dans une recherche effrénée, et vouée à l'échec, du bonheur.
    Cruel et hypnotique, ce roman addictif dresse le portrait sans concessions d'une société qui a perdu ses repères. Rythmé, saccadé, rapide, ce Vernon Subutex se lit presque sans respirer, les pieds arpentant les trottoirs de Paris, le cœur gros devant ces personnages à la dérive où les nerfs à vif en face des pervers, des violents, des sans honneurs et dans les oreilles une bande-son très très rock'n roll. À lire sans modération.


  • Conseillé par (Libraire)
    2 avril 2015

    Vernon subutex

    Un "Big Lebowski" à la manière de V.Despente ça ne se rate sous aucun prétexte!
    Des personnages à la personnalité allant de l'absurde au malsain, une photographie de notre société en couleurs et tout n'est pas rose.

    On attend la suite!


  • Conseillé par
    25 février 2015

    Un polar rock

    Il s’appelle Vernon et, dans le temps, il tenait un magasin de disques. Autant dire qu’il était l’idole des jeunes qui se retrouvaient dans son antre pour découvrir des pépites et avaient fini par former tout un groupe informel, ses potes. Aujourd’hui, les années ont passé, tout le monde a vieilli et s’est éparpillé, et Vernon a dû fermer boutique dans l’indifférence générale, flingué au champ d’honneur par la dématérialisation de la musique. Il a un moment survécu en vendant petit à petit sa collection de vinyles. Là, il commence à être à sec.

    Et Virginie Despentes fait de Vernon le héros romanesque de ce début d’année.

    Tout débute sur une mort inexpliquée. Celle d’Alex Bleach, le seul parmi ceux qui ont fréquenté la boutique de Vernon à être devenu une rock star, adulée et richissime mais, pour une raison inexpliquée, éternellement malheureux. Bleach vient d’être retrouvé mort dans une chambre d’hôtel. Au-delà du deuil, du vide que laisse cette disparition parmi ceux qui l’ont connu au temps de la boutique de disque, le problème est que Bleach, par amitié, payait le loyer de Vernon.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    10 février 2015

    années 80, rock

    Je dois l'avouer, j'ai eu un peu de mal les 80 premières pages du roman. C'est écrit serré, il faut être attentif, pas une minute de repos.

    Puis le récit prend son envol : le texte ne tourne plus seulement autour de Vernon, des personnages secondaires bienvenus donnent souffle à la narration.

    L'auteure n'en oublie pas moins son but principal : nous parler de nous, de notre société, de notre mode de vie, de nos petits et grands travers.

    C'est drôle, enlevé et intelligent.

    Et ce n'est que le premier volet de la trilogie.

    L'image que je retiendrai :

    Celle de Xavier pleurant son chien Colette mort d'une tumeur, plus qu'il n'a pleuré son frère mort d'une overdose. Et la description de la décrépitude du chien qui urinait de partout dans l'appartement et qu'il fallait porter car il se refusait à le faire piquer.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2015/02/06/31451232.html


  • Conseillé par
    16 janvier 2015

    Après avoir lu Apocalypse Bébé de Virginie Despentes, j'étais restée sur trop de trash, trop de provocation. Soit avec le nombre des années, il faut plus pour me choquer soit en effet ce nouveau livre de l'auteure est un plus sage.

    A vingt ans, Vernon Subutex était disquaire spécialisé dans le rock. Maintenant âgé de cinquante ans, son magasin le Révolver a fermé depuis belle lurette en 2006. Il touche le RSA et un ami Alex Bleach chanteur et ancien fondateur d'un groupe de rock lui paie son loyer. Sauf que ce dernier meurt d'une overdose. Et voilà Vernon à la rue avec quelques affaires dont des vidéos inédites d'Alex. Sans qu'il soit au courant, beaucoup de personnes aimeraient mettre la main sur ces enregistrements.

    Il s'incruste pour une nuit ou plus, à gauche et à droite, chez des anciens du groupe d'Alex ou chez des ancienne copines ou chez un ami d'une copine. Du transsexuel qui a réussi une reconversion dans le cinéma derrière les manettes, aux copains désormais dont les femmes grincent des dents en voyant Vernon, des soirées dans le Paris branché saupoudrées de drogue et où l'alcool verse à flots, des lendemains difficiles où il se fait éjecter, des copines hétéros ou non qui veulent coucher avec lui, du gars raciste ou violent avec sa copine, de la fille complètement barrée à la jeune fille de confession musulmane. Et ce sont autant de personnages qui nous emportent dans des univers différents mais à chaque fois ça sonne juste !
    Vernon erre et cherche un toit alors que la toile pour le retrouver se resserre. A l'heure de Facebook, il est traqué sur le Net. Il a laissé les vidéos tant convoitées chez la première fille qui l'a hébergé et n'a plus d'endroit pour dormir.

    Il est difficile de situer ce livre : chronique sociale que Virginie Despentes radioscopie avec un soupçon de roman policier. Et peu importe car il est terriblement réussi et il ferre le lecteur ! L'écriture est vive ( avec un peu de trash), déborde d'énergie ou de colère et ce sont autant de réflexions qui interpellent ou qui touchent. On n'a pas le temps de s'ennuyer dans cette comédie humaine actuelle qui dérange à plus d'un titre. Je l'ai dévoré !
    Et vivement mars pour la suite !