Les gens dans l'enveloppe (livre + CD)

Isabelle Monnin

JC Lattès

  • 6 novembre 2015

    "C'est peut-être simplement cela, être romancière : avoir des livres qui poussent dans les interstices de tout".

    Comment parler du livre guetté depuis cet été à chaque passage en librairie? Un livre sur lequel mon regard s'est arrêté à la lecture du nom d'Alex Beaupain, vu sur scène quelques années auparavant. Rien lu encore d'Isabelle Monnin, j'étais charmée par son idée de tisser des histoires, celles d'une famille par le prisme de photos achetées d'occasion, en ligne.

    C'est la photo de la petite fille qui m'aimante sur la couverture, la solitude de celle qui n'a pas d'amis dès la cour de maternelle, celle qui les étudie lorsqu'ils sont "seuls ensemble" puis les mots de Michelle, la mère absente.

    L'immobilité, reine obèse, écrase les gens dans l'enveloppe. Toutes les photos appellent au roman. Isabelle Monnin devient dépositaire de souvenirs qui ne lui appartiennent pas et sublime les portraits jaunis.

    Le leïtmotiv du texte est l'abandon. Les femmes sont victimes ou coupables d'abandon : celle qui réussit à couper les virages comme Michelle et fuit le gynécée moral d'un mariage un peu fade et ennuyeux, celle qui souffre de carence maternelle comme Laurence et puis celle qui s'abandonne à la mort comme mamie Poulet.

    Le besoin de mouvement peut-il être plus fort que son enfant?

    Toute la narration, subtilement construite et élégante, laisse courir le fleuve des mots des gens dans l'enveloppe, orphelins d'un temps révolu et de l'émotion d'une famille qui s'en libère.

    Et puis vient le temps de l'enquête, retrouver l'enveloppe des gens.

    Isabelle Monnin invente l'histoire de ceux figés dans une silhouette sur la photo, les âmes errantes deviennent des dates et des lieux retrouvés à Clerval, des émotions dans des chansons. Celles que j'écoute en boucle, qui embuent mes yeux à certains moments de la journée.

    C'est un précieux cadeau que je me suis offert en cette rentrée littéraire, un livre singulier sur une aventure humaine et artistique, riche de sens. L'unicité des vies retracées dans l'infiniment petit des réminiscences du quotidien, sublimée par la capture de l'instant et la douceur des mots.

    Les gens dans l'enveloppe vont m'accompagner longtemps...

    Publié chez JC Lattès, Septembre 2015.


  • Conseillé par (Libraire)
    15 septembre 2015

    Absolument génial !

    Très gros coup de cœur pour ce livre étonnant, émouvant et vraiment très réussi. Une idée de départ insolite et très originale qui fait de ce texte un livre unique et un peu dingue où l’enquête, qui devient un vrai roman en soi, se révèle tout aussi passionnante que le roman lui-même. Absolument génial.


  • 14 septembre 2015

    "C'est peut-être simplement cela, être romancière: avoir des livres qui poussent dans les interstices de tout".

    Comment parler du livre guetté depuis cet été à chaque passage en librairie? Un livre sur lequel mon regard s'est arrêté à la lecture du nom d'Alex Beaupain, vu sur scène quelques années auparavant. Rien lu encore d'Isabelle Monnin, j'étais charmée par son idée de tisser des histoires, celles d'une famille par le prisme de photos achetées d'occasion, en ligne.

    C'est la photo de la petite fille qui m'aimante sur la couverture, la solitude de celle qui n'a pas d'amis dès la cour de maternelle, celle qui les étudie lorsqu'ils sont "seuls ensemble" puis les mots de Michelle, la mère absente.

    L'immobilité, reine obèse, écrase les gens dans l'enveloppe. Toutes les photos appellent au roman. Isabelle Monnin devient dépositaire de souvenirs qui ne lui appartiennent pas et sublime les portraits jaunis.

    Le leïtmotiv du texte est l'abandon. Les femmes sont victimes ou coupables d'abandon: celle qui réussit à couper les virages comme Michelle et fuit le gynécée moral d'un mariage un peu fade et ennuyeux, celle qui souffre de carence maternelle comme Laurence et puis celle qui s'abandonne à la mort comme mamie Poulet.

    Le besoin de mouvement peut-il être plus fort que son enfant?

    Toute la narration, subtilement construite et élégante, laisse courir le fleuve des mots des gens dans l'enveloppe, orphelins d'un temps révolu et de l'émotion d'une famille qui s'en libère.

    Et puis vient le temps de l'enquête, retrouver l'enveloppe des gens.

    Isabelle Monnin invente l'histoire de ceux figés dans une silhouette sur la photo, les âmes errantes deviennent des dates et des lieux retrouvés à Clerval, des émotions dans des chansons. Celles que j'écoute en boucle, qui embuent mes yeux à certains moments de la journée.

    C'est un précieux cadeau que je me suis offert en cette rentrée littéraire, un livre singulier sur une aventure humaine et artistique, riche de sens. L'unicité des vies retracées dans l'infiniment petit des réminiscences du quotidien, sublimée par la capture de l'instant et la douceur des mots.

    Les gens dans l'enveloppe vont m'accompagner longtemps...