Alexandrine

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Je fus, et reste une grande lectrice, avant même de me consacrer à l'écriture sous des formes variées (journalisme et édition).

Dans ma maison, en Aquitaine, les livres sont partout… Ils font partie non pas des meubles mais des amis qui la peuplent.

Si j'étais un livre, je serai "Le tour du malheur" de Joseph Kessel, "Cent ans de solitude" du grand Gabriel Garcia Marquez ou encore "Water Music" de T. C. Boyle…

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8 novembre 2014

VIVA DEVILLE !

Pendant dix ans, le lauréat 2012 du prix Fémina s’est plongé dans les œuvres de Trotsky, de Lowry et d’autres écrivains venus se perdre ou se retrouver au Mexique. Chemin faisant, il en viendra à « pince(r) des liens, dévide(r) des bobines, tisse(r) des liens » (p.30) entre ces hommes et ces femmes. Le résultat de ce patient labeur est un livre dense et exigeant.

Nous voilà donc au Mexique, au la fin des années 20, « dans cette décennie pendant laquelle tout s’invente, le monde est neuf dans le chaos régénérateur » (p. 87).
Passe une « mystérieuse femme mexicaine, aux sourcils noirs, au merle au front, aux lèvres rouges » (p. 15) qui n’est autre que la grande artiste Frida Kahlo, muse du peintre muraliste Diego Riviera. Passent les ombres du poète russe Maïakovski ou de Dos Passos… Tous sont membres de la « la petite bande de Mexico », « Tous ont en commun de servir une cause, et de mettre cette cause au dessus de leur propre existence. Certains deviendront des traîtres, d’autres des héros (p. 90). Pas de jugement de valeur de la part de Deville qui croise les trajectoires et multiplie les références littéraires.
De ce vertigineux maelström ou le lecteur perd parfois pied, deux figures surnagent : celle du révolutionnaire russe Lev Davidovitch Bronstein, alias Trotsky et celle de l’écrivain anglais Malcom Lowry. Ces deux là sont mûs par la même envie « d’approcher le mystère de la vie des saints, chercher ce qui les poussent vers les éternels combats perdus d’avance, l’absolu de la Révolution ou l’absolu de la Littérature, où jamais ils ne trouveront la paix, l’apaisement du labeur accompli. » (p. 128). Malcom Lowry mettra dix ans à écrire son œuvre majeure — Au-dessous du volcan, plusieurs fois refusée par les éditeurs — et y laissera sa santé mentale. Le crâne de Trotsky rencontrera la trajectoire d’un piolet d’alpiniste. En août 40, le grand révolutionnaire meurt, assassiné, à Coyoacàn. Clap de fin. « Trois petits tours de roue (…) et puis s’en vont. Ceux qui sont en haut croient apercevoir à l’horizon les aubes radieuses des révolutions politiques et poétiques, déjà redescendent dans l’obscurité (p. 211). Un chapitre, politique et littéraire vient de se tourner.