Alexandrine

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Je fus, et reste une grande lectrice, avant même de me consacrer à l'écriture sous des formes variées (journalisme et édition).

Dans ma maison, en Aquitaine, les livres sont partout… Ils font partie non pas des meubles mais des amis qui la peuplent.

Si j'étais un livre, je serai "Le tour du malheur" de Joseph Kessel, "Cent ans de solitude" du grand Gabriel Garcia Marquez ou encore "Water Music" de T. C. Boyle…

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15 novembre 2011

Un été sur le magnifique : "jubilatoire"

Dire que j'ai aimé ce livre serait un euphémisme. J'ai a-do-ré ! "Un été sur le magnifique" est un roman jubilatoire. Résultat, cette première immersion dans l'univers de Pluyette - dont le titre du précédent roman "La traversée du Mozambique par temps calme" était déjà une invitation au voyage - s'est vite muée en plongée en eaux profondes.
Certes, ces eaux là sont parfois troubles. La croisière s'amuse parfois d'une drôle de façon… Les frasques d'Hercule, alias Jean-Claude n'ont rien à envier aux fesses d'Angélique ou de Patricia. La jeune et jolie ingénue des premières pages se transforme rapidement en libertine coquine…


N'allez pas croire pour autant qu'il s'agit d'un livre érotique voire porno ! Patrice Pluyette bouscule les codes littéraires comme il bascule ses personnages, butine les mots et lutine ses lecteurs. Il y a dans ce livre, construit de manière très visuelle, de vraies trouvailles et des ruptures délibérées.
Chemin faisant, c'est à une critique en règle du culte de la consommation et du droit au plaisir immédiat que se livre l'auteur. Lorsque le rêve, le désir, le plaisir se laissent corrompre par l'industrie du rêve, l'industrie du désir et l'industrie du plaisir ; le rêve pâlit, le désir s'enfuit et le plaisir se monnaie.
Bien qu'il n'ait rien demandé et refuserait sans doute cet honneur, Patrice Pluyette mérite bien son triple I. I comme Iconoclaste, I comme Inclassable et I comme Incongru…Le pire c'est qu'on en redemande. AAA.

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10 octobre 2011

Tout, tout de suite - lundi 10 octobre 2011

C'est un monde étrange peuplé de "Renois", de "Rebeus", de "Gaulois" bien de chez nous. Il y a là Yacef alias "Le boss" ou Gérard alias "Tête de craie". On y croise aussi Zelda "la bête de Meuf" et Agnès… La plupart sont des "lascars" que l'on imagine volontiers sans foi ni loi mais qui croient pourtant en l'argent roi. Promis, juré, craché, une main sur le coeur et l'autre sur le Coran, ils s'en sortiront. Jamais, au grand jamais ils ne feront partie du camp des "bouffons". Prêts à tout, même à enlever et séquestrer un homme. Prêts à abdiquer toute compassion, à gommer en eux toute trace d'empathie.

"Rien de plus compliqué qu'un barbare… écrivit Flaubert à Sainte-Beuve (p. 191) . Rien de plus simple aussi. Tout, tout de suite, c'est pourtant clair. De l'argent ? Les "feujs" en ont tous. En plus ils se serrent les coudes. Que l'un d'eux vienne à faillir et c'est toute la communauté qui se cotisera. Le roman de Morgan Sportes aurait pu s'appeler La Méprise. Car c'est à partir de cette méprise initiale que les faits vont s'enchaîner, les gestes se durcir et l'histoire déraper. Méprise et bêtise crasse, celle de petites frappes à peine sortis de l'enfance, de chiens perdus sans colliers. Pas de revendication politique ou idéologique à l'enlèvement d'Elie, juste un âcre relent d'antisémitisme qui ne dit jamais son nom, une indigence intellectuelle totale, un vide effrayant comme les yeux d'Elie retrouvé torturé à mort. Les yeux d'un homme qui a passé trois semaines à l'école du mal. Ses yeux clos nous regardent. Ils nous voient sans doute mieux que grands ouverts. Ils nous radiographient" (p. 204).

L'auteur de L'Appât frappe fort et juste. En vérité, ce "conte de faits" (p. 10) des temps modernes, tient davantage de l'enquête ethnographique ou sociologique que du roman. Cinq ans après, les faits nous écoeurent encore, mais son conte nous tient en haleine de la première à la dernière phrase. On espère que les jurés du Renaudot, du Goncourt ou du prix Interallié sauront écrire un bel épilogue à cette effroyable histoire.

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17 septembre 2011

Sept histoires qui reviennent de loin

Ces sept histoires qui reviennent de loin reflètent la passion de leur auteur pour les destinations lointaines. Ex-médecin sans frontières et grand voyageur devant l'éternel, Jean-Christophe Rufin met en scène l'île Maurice, la Kirghizie, les Dolomites italiennes ou encore le Sri Lanka… à travers sept nouvelles au goût sucré-salé. Disons le tout de suite, l'ensemble est assez inégal.
Les trois premières "Passion francophone", "Les naufragés", "Le refuge Del Pietro" révèlent un art maîtrisé du récit et surprennent par leur chute. Au sens propre comme au figuré. Prisonniers d'eux-mêmes, ses personnages sont en effet la proie de passions qui les conduisent au bord du gouffre. Plus insipide, "Nuit de garde" convainc moins, de même que "Les fiancés de Lourenço Marques" dont le seul mérite est d'entraîner le lecteur à leur suite sur les routes du Mozambique. La "Garde robe" aurait pu rester dans son placard… "Train de vie" fait en revanche écho aux trois premiers récits et ses deux protagonistes - Paul et Rokaya - nous enchantent par leur liberté de parole prélude à un dénouement inattendu. On sait qu'en dépit d'un bref passage au Quai d'Orsay, Jean-Christophe Rufin n'a pas perdu la sienne et l'on attend fébrilement son prochain roman.