La falaise des fous c'est la côte d'albatre véritable fascination pour les peintres impressionnistes tels Monet et Courbet, source intarissable d'expérimentations picturales par sa nature changeante. Patrick Grainville nous livre un roman puissant et exubérant retraçant l'histoire de cette douce folie qui s'empara des esprits créatifs de la fin du XIXÈME siècle. Mais au loin point une tempête dont l'Europe aura du mal se remettre, non pas un de ces coups de vent bien connu des pêcheurs normands mais une tempête faite d'acier et de poudre à canon.. la Grande Guerre.

Vienne fin XIXème. Dans cette capitale en plein bouleversement vit Edouard Saxberger, vieux fonctionnaire, à la vie irrémédiablement banale. Jusqu'au jour où un jeune poète particulièrement enjoué et membre d'un cercle littéraire, sonne à sa porte. A sa grande surprise ce n'est pas Saxberger le fonctionnaire qu'il vient rencontrer mais Saxberger l'ancien poète. Dans sa jeunesse, il y a de nombreuses années, il était un jeune écrivain flamboyant. La publication d'un de ces recueils de poèmes lui apporte un succès aussi fulgurant qu’éphémère. Aujourd'hui, il peine à se souvenir de cette gloire d'antan mais décide tout de même de rejoindre ce jeune cercle d'artistes. Mais le vieil homme est à l'image de cette Vienne fin de siècle, engourdi et à bout de souffle, enfermé dans un carcan social rigide, il ne trouve plus la volonté d'écrire. L'inspiration n'est plus au rendez-vous. Devra-t-il décevoir ces nouveaux amis ? Nous retrouvons avec bonheur et délice, le grand Arthur Schnitzler dans ce roman inédit. Il dresse un tableau sombre, Vienne cette ville cosmopolite décrite comme le carrefour de l'Europe se noie, perd pieds. Elle est à l'image de son Empire, écrasée par une société moribonde et rétrograde. Un espoir venant peut-être de cette jeune avant-garde dont fait d'ailleurs partie Schnitzler. Un superbe roman.

Berlin années 30. Jakob Fabian est un jeune publicitaire qui n'a pas sa langue dans sa poche. Irrévérencieux mais justicier dans l'âme, il se rebelle un jour contre son ventripotent de patron qu'il considère comme un véritable idiot. Renvoyé, sans le sou, Jakob profite de son temps libre pour arpenter les rues de Berlin. A la recherche de quoi ? Toutes les issues se ferment inexorablement et l'avenir apparait bien sombre. Dans ces pérégrinations, il rencontre de pauvres âmes qui comme lui ne croient plus en rien, l'ambition, l'amour, la morale ayant complètement disparu remplacés par l'ivresse des fêtes, l'alcool, les histoires sans lendemain. Sur fond de montée du nazisme et de tension sociale grandissante, Jakob tente de se frayer un chemin. Un chemin qui comme cette Allemagne qu'il chérit pourtant, l'emmène toujours plus loin vers l'abîme. Nous connaissions surtout Erich Kästner pour ses romans jeunesses encore lus aujourd'hui. On connait moins le parcours atypique de ce livre qui fut censuré par son éditeur lors de sa parution dans les années 30. Considéré comme obscène, il fera partie des ouvrages brûlés durant les grands autodafés de 1933 devenant l'un des symboles de la littérature dite "dégénérée". Un incontournable à lire absolument.

Dorrigo Evans est un jeune médecin australien qui se prépare pour la guerre. Nous sommes en 1941 et lors d'une permission, il croise une jeune femme intrigante qui se révèle être la jeune épouse de son oncle. C'est le coup de foudre pour Dorrigo. S'en suit une passion adultère qui malgré leurs engagements respectifs ne prend fin qu'avec l'ordre de départ de Dorrigo. Aussi fugace que fut cette relation, elle marque à jamais notre héros qui depuis le camp d'internement japonais où il va passer une grande partie de la guerre jusqu'à la fin de sa vie, ne cessera de le hanter. A ce héros de la guerre, chirurgien reconnu mondialement, père de famille, il reste un goût âpre d'inachevé que son sentiment du devoir bien accompli ne saurait atténuer. Flanaghan nous livre un roman fleuve intense sur les thèmes de l'amour, de la perte et du devoir. Il réalise un témoignage terrible de véracité sur les conditions de vies des prisonniers dans les camps japonais. Un grand roman qui vous marque.

Dans la vie de notre petit narrateur, il y a son père, espèce de dandy, fan de cocktails, il y a sa mère danseuse invétérée à l’imagination débordante et Mademoiselle Superfétatoire, l'animal de compagnie de la maison qui n'est autre qu'un perroquet. Dans cette vie de famille un peu particulière, tous les jours sont des surprises, le temps passe au rythme des chansons, dans une fête continue. De ce trio familial incongru mais terriblement attachant on retient ce duo, hors du commun que forme les parents. Amoureux passionnés vivant dans un coup de foudre perpétuel, c'est bien l'histoire de cet amour unique et éternel qui nous est compté. Un livre drôle, subtil qui se lit avec le sourire aux lèvres. Un hymne d'amour à la famille qui nous rappelle forcément la nôtre. Un délice de petits détails loufoques qui nous délecte jusqu'au final d'une telle poésie. Une véritable réussite.