Olivier G.

Conseillé par (Libraire)
17 janvier 2014

Montalbano je suis. Le livre il se vend bien ? Les libraires ils en disent du bien ? Eh bien laissez-les braire, c'est pour me dire ça que vous venez me débusquer jusque dans la trattoria ? Mais c'est formidable ça, je vais lui dire à ce grannissimu figlio di buttana de Camilleri qui me romance à tour de bras, je vais le lui dire, d'arrêter tout ça, je ne peux même plus manger mes rougets frits il y a toujours des journalistes, des critiques de la haute, des... enfin remarquez qu'elle fut bien mignonne la petiote qui m'a interviewée hier... 'na brava picciotta.
Je le sais qu'il a "le sens du portrait", Camilleri, en une ligne je m'arappelle les rides et l'haleine... Et "sa langue savoureuse" c'est ce qu'on appelle de l'italien sicilianisé, enfin c'est ce qu'on parle à Vigàta et rien de plus, mais il faut reconnaitre qu'elle est bien traduite... Quant à l'intrigue, il lui suffit d'un catafero, un cadavre, dans un puits, et le fil se déroule tant et si bien qu'on a de la peine à respirer jusqu'à la maudite fin... même moi il m'arrive d'avoir un addrizzuni, un frisson de froid, quand je relis des passages, pourtant je suis Montalbano, j'en ai vu d'autres...

Éditions Gallmeister

23,10
Conseillé par (Libraire)
17 janvier 2014

On est à la fin 1917. Une compagnie américaine rejoint la Marne : 113 hommes qui racontent, chacun à son tour, leur expérience au front. 113 chapitres, n'excédant souvent pas deux pages, des vignettes qui témoignent d'épisodes de la vie quotidienne : les obus, la soupe, la camaraderie, la peur, l'ennui. Souvent insouciants, rigolards, pitres, ces Marines racontent la guerre avec une apparente dédramatisation. La multiplicité des narrateurs ne nuit jamais à la compréhension des évènements, au contraire elle permet d'enrichir notre appréhension de la vie au front, chacun vivant la guerre comme il peut, chacun se fabriquant les œillères qu'il peut pour supporter les tranchées.

Et c'est ce qui rend ce texte si poignant : ces 113 types qui se succèdent et s'expriment avec simplicité et franchise, dans un langage qui n'est pas celui, froid et grave, d'un "personnage soldat" stéréotypique mais celui d'un joyeux drille du Tennessee, puis d'un coureur de la côte Est, puis d'un vaurien de St. Louis... nous expliquant ainsi qu'ils sont faits de l'étoffe dont sont faits les héros, ceux de romans d'aventures ou de romances, des personnages timides ou gouailleurs qui avaient pris leur ticket pour un roman initiatique quelconque, mais qu'hélas on est en 1917 et que l'initatique, en 1917, c'est la Marne, puis la Meuse. Leur fraicheur ébranle. Le choix des mots nous suggère que, nés 30 ans plus tard, ils nous auraient raconté leur arrivée à toute blinde dans San Francisco, Cassady au volant et Kerouac à l'arrière. Mais c'est en 1917 qu'ils ont eu vingt ans...

Conseillé par (Libraire)
14 janvier 2014

Longtemps interdit en URSS, "L'Escargot sur la pente" a l'étoffe d'un classique de la science-fiction. Les frères Strougatski, auteurs de "Stalker" (porté à l'écran par Tarkovski), nous plongent dans un univers trouble, celui de l'Administration, un ilot de civilisation cerné par la Forêt, étendue ponctuée de marécages et perturbée de phénomènes surnaturels, que l'Administration tente de détruire à défaut de pouvoir apprivoiser. Deux narrateurs prennent la parole à tour de rôle : Poivre, résidant à l'Administration, nous fait voir l'absurdité bureaucratique d'une ville qui semble de moins en moins « civilisée ». Candide, naufragé dans la Forêt et installé provisoirement dans un hameau, se met en tête de retrouver le chemin de l'Administration. Ces deux mondes semblent aussi inhospitaliers et l'un comme l'autre tendent à mater les insoumis.
La Forêt est-elle le passé ou l'avenir de l'Administration ? Multipliant les scènes absurdes et les phénomènes d'écho entre les parcours des deux narrateurs, s'interrogeant sur le rôle de la civilisation et sur le comportement grégaire de ses membres, "L'Escargot sur la pente" démontre une fois de plus que la science-fiction, en camouflant le monde réel sous les parures de l'imaginaire, peut être une invitation majeure à la réflexion.

Monsieur Toussaint Louverture

Conseillé par (Libraire)
6 décembre 2013

On ne le prend pas au sérieux, Ken Kesey...

On le voit venir, avec son style très spontané et ses accents oralisants qui cadrent parfaitement avec l'idée qu'on se fait du style d'un écrivain beatnik, et en parcourant la 4ème de couverture on se dit que ce type-là aurait dû choisir un sujet comme le jazz, le sexe, l'ivresse ou le vagabondage, quelque chose d'un tant soit peu autobiographique car enfin, ça ne sait pas vraiment écrire, un beatnik, ça sait témoigner, ça sait partager une expérience à rebours de l'idéal bourgeois, ça sait émouvoir à défaut de convaincre – les seuls que ça convainc, ce sont les adolescents et les marginaux –, mais construire une intrigue, avoir un projet narratif ambitieux, tenir un cap romanesque pendant 800 pages, ça ne sait pas faire, regardez Burroughs, ses amis ont dû assembler comme ils ont pu ses fragments quasi illisibles du "Festin nu", regardez Kerouac et les « répétitions » de "Sur La Route".

A tous les détracteurs de la Beat Generation, Kesey répond par un récit puissant doté d'une narration d'une étonnante complexité. La manière dont il jongle avec les points de vue séduit. Comment un vingtenaire amateur de LSD et de peinture fluorescente a-t-il pu produire un texte pareil, comment a-t-il réussi à pasticher Faulkner sans se faire dévorer par lui, d'où lui est venu l'inspiration de ce courant de conscience tumultueux qui enfle de chapitre en chapitre ?
Arrive un moment où on ne se pose plus qu'une question : pourquoi ce texte a-t-il mis cinquante ans à nous parvenir dans sa traduction française ? Monsieur Toussaint Louverture a comme eu une grande idée...

Conseillé par (Libraire)
6 décembre 2013

Cette suite de "La Marque Jaune" marque peut-être le vrai retour de Blake et Mortimer : un scénario bien rôdé, un imaginaire puissant, une narration soutenue et soignée. Fermez les yeux, vous croirez à un des meilleurs E.P. Jacobs. Le dénouement est un peu précipité, ont-ils eu peur de s'engager dans un diptyque ? L'ensemble reste en tout cas une excellente surprise old chap...