Le principe

Jérôme Ferrari

Actes Sud

  • 5 juin 2015

    Une déception

    Jérôme Ferrari s'intéresse ici à un physicien allemand Werner Heisenberg qui a élaboré le fameux - pour les spécialistes- "principe d'incertitude". Vous ne connaissez pas ? Moi non plus. Mais nombre de lecteurs de ce roman m'avaient assuré que le fait de ne RIEN connaître en maths ne gênait nullement la lecture. J'aurais peut-être dû précisé que question physique j'étais aussi restée au niveau CP...

    Donc le principe d'incertitude...

    "Depuis que Max Planck avait découvert le quantum universel d'action, cette funeste constante h qui avait, en quelques années, contaminé les équations de la physique avec la célérité maligne d'un virus impossible à éradiquer, la nature semblait prise de folie : des brisures discrètes fissuraient l'antique continuité des flux d'énergie, la lumière grouillait d'étranges entités granuleuses et, dans le même temps, comme si ce n'était pas suffisant, la matière se mettait à rayonner sauvagement dans un halo fantomatique d'interférences."

    Voilà voilà. Je me suis demandée si Ferrari n'avait pas volontairement cherché dans le dictionnaire de la physique les termes les plus compliqués pour les adjoindre sans réel sens, j'avoue avoir eu un doute que pourra peut-être dissiper Phili, spécialiste es maths et physique !

    Je me suis accrochée pourtant, par respect pour mes acolytes Jérôme, Béa et Phili avec qui nous avions prévu cette lecture commune.

    J'ai donc tenté de passer outre le sens pour m'intéresser à la poésie de la phrase. Et je n'ai plus rien compris au roman. Evidemment. De nombreux personnages apparaissaient, disparaissaient, la guerre a fait son entrée, et là je suis revenue en terrain connu -parce que l'histoire, quand même je maîtrise plus que les maths- Le roman s'est centré sur le problème moral du développement de la bombe atomique. Je n'ai rien appris de neuf, je n'ai pas tremblé, je n'ai pas pleuré, je n'ai pas hurlé "eurêka" dans ma salle de bains avec l'impression d'avoir découvert le secret de l'humanité ou d'avoir enfin compris quelque chose au monde qui nous entoure et à ses étranges habitants. J'ai alors à nouveau douté du talent de Ferrari. N'endort-il pas son lecteur avec de belles phrases pour cacher le vide de son propos ?

    Lire la critique de Télérama m'a quelque peu orienté vers le sens -ou le non sens- de ce roman : "En brossant le portrait du physicien qui inventa le principe d'incertitude, Jérôme Ferrari dit l'incapacité des êtres à tout comprendre du monde." De fait Ferrari aurait écrit un roman incompréhensible pour que le lecteur se prenne soudain pour Socrate ? L'article précise aussi que l'un des thèmes du livre est la transmission, ironique non ?

    Bref, dans ce sens, cela a fonctionné, j'ai refermé cet ovni en philosophant : "Je sais que je ne sais rien."...


  • Conseillé par
    13 mai 2015

    philosophie, physique

    Vous l’aurez compris à la lecture du résumé, l’auteur allonge ses phrases au maximum. Personnellement, j’aime beaucoup la poésie de ces dites-phrases qui s’étirent.

    Et l’auteur est presque arrivé à me faire percevoir la poésie intrinsèque de la science physique (j’ai bien dit presque).

    Passant outre l’invention de la mécanique quantique (Oh Grand Mystère à mes yeux), j’ai aimé découvrir le principe d’incertitude entre l’endroit et le moment. Pour faire simple : si on peut définir l’endroit où se trouve une particule moléculaire, on ne peut définir à quelle instant elle se trouve à cet endroit. C’est ce principe qui régit le récit.

    Je ne vous parlerai pas plus de science.

    J’ai aimé découvrir la vie de ce physicien allemand, ses doutes, et sa façon de regarder par-dessus l’épaule de Dieu pour voir la beauté.

    Et si j’ai aimé, comme d’habitude, la plume de l’auteur, j’ai trouvé sa conclusion sur la beauté des montagnes et des lacs un peu fade et ressassée.

    Un récit qui n’atteint pas toutefois « Où j’ai laissé mon âme« . Il y manque un certain souffle épique.

    L’image que je retiendrai :

    Il n’y a pas de fond aux choses, comme le déclare la professeur de philosophie à l’aspirant agrégé.

    https://alexmotamots.wordpress.com/2015/05/02/le-principe-jerome-ferrari


  • Conseillé par
    19 mars 2015

    Un étudiant en philosophie dans les années 1980 rate son oral sur une étude d'Heisenberg qu'il n'a pas pris le temps d'étudier. Par le biais de ce jeune homme un brin impertinent mais fasciné par Heisenberg, Jérôme Ferrari revient sur la vie du physicien allemand qui a élaboré le principe d'incertitude.

    Si Werner Heisenberg est l'un des pères de la physique quantique, Einstein a rejeté le résultat de ses travaux au départ. Passionné comme bon nombre de ses collèges scientifiques, il continue et obtient le prix Nobel de physique à 32 ans.

    1933 : Werner Heisenberg va-t-il quitter l'Allemagne comme d'autres de ses collègues ou rester ? L'attachement à son pays tranchera la question. Ce sont les années où la guerre atomique est dans l'esprit des dirigeants du monde. Heisenberg travaille sur un réacteur nucléaire capable de produire de l'énergie. Quelles sont les questions qui peuvent le préoccuper? "C'est inextricable. Toutes les histoires sont nécessairement cohérentes; les motivation les plus diverses, les plus incompatibles vous aurait conduit à adopter un comportement rigoureusement identique et à prendre exactement la même décision, et de toutes cette histoires cohérentes dans lesquelles vous vous parez tour à tour des visages de l'irresponsabilité, du renoncement, de l'intégrité, de la complaisance et de l'infamie, personne ne peut deviner laquelle est vraie".
    La suite on la connaît trop bien : la bombe atomique créée par d'autre scientifiques et son utilisation. Plus tard, les mathématiques serviront à produire des algorithmes capables de jongler avec les prévisions financières. Et d'une certaine façon, l'histoire se répète quand la crise de 2008 éclate.

    Sur un sujet qui aurait pu rebuter, on prend un véritable plaisir à lire ces pages où il question d'électrons et de vitesse. Et ces hommes de science la tête dans les chiffres et les équations ont pourtant la naïveté des enfants face à d'autres questions. La beauté et la poésie sont omniprésentes dans ce livre qui interroge subtilement sur la responsabilité du scientifique.
    Servi par une prose éclatante et magnifique, il s'agit d'un roman intelligent, envoûtant. C'est beau, très beau !

    "Ils voulaient comprendre, regarder un instant par-dessus l'épaule de Dieu.
    La beauté de leur projet leur semblait la plus haute qu'on pût concevoir.
    Ils étaient arrivés là où le langage a ses limites, ils avaient explorer un domaine si radicalement étrange qu'on ne peut l'évoquer que par métaphores ou dans l'abstraction d'une parole mathématique qui n'est au fond, elle aussi, qu'une métaphore.
    Ils devaient sans cesse réinventer ce que signifie "comprendre".
    Les connaissances qu'ils vénéraient ont servi à mette au point une arme si puissante qu'elle n'est plus une arme, mais une figure sacré de l'apocalypse.
    Ils en ont tous été les oracles et les esclaves."


  • Conseillé par (Libraire)
    6 mars 2015

    Le principe

    Un ouvrage étonnant qui nous fait découvrir une personnalité pour le moins haute en couleurs.
    Le narrateur, suite à sa scolarité s'est intéressé à un certain Heisenberg, physicien du début 20e. Il nous raconte la vie de cet homme de science et la superposition avec sa vie de jeune homme puis d'adulte se fait naturellement.
    Un roman au style incisif, au ton parfois drôle et toujours poétique nous fait redécouvrir l'histoire à travers d'autre yeux.
    Daïdrée.A