Ecoute

"J'entends une pie jacasser l'écureuil.
Mais j'ai beau tendre l'oreille je n'arrive pas à entendre les kakis mûrir.
Ni mes os me grandir jusqu'à les cueillir."

L'écureuil, la pie, l'avion, le chien, le klaxon, la joie même, se font entendre. Il en faut aussi pour entendre ses os grandir.

L'air de rien, un rien comme une petite chanson, Patrick Joquel nous conduit sur le chemin de ce qu'on entend et nous désigne ce qu'on n'entend pas mais bouge quand même. Il nous invite à être attentif à cette chose inaudible et secrète : la vie.

La poésie qui s'offre dans le léger et bienveillant dérèglement de la phrase, font de l'écriture de Patrick Joquel une source d'émotions vibrantes et d'interrogations clémentes.

Le graveur Vincent Tavernier use avec sensibilité de ses encres noires comme bleu d'orient. Elles sont éclairées par des ronds rouge ardant. Ceux-ci : Ballons, pommettes, sucettes, arbre ou bulle, rythment les cadrages rapprochés, tels des signaux forts et invitent le lecteur, comme autant de pavillons déployer, à écouter, à écouter autrement.